L’anniversaire de son fils

Moi : Allo, Katia*, je voudrais réserver un taxi pour cet après-midi de 13h30 à 17h

Katia : ok, je vous rappelle pour vous confirmer le numéro de la plaque d’immatriculation du taxi

Moi : vous pouvez demander à Vadim* comme la semaine dernière, il est sympa et a une bonne voiture ? (ndlr pour les non Kievins, une bonne voiture = avec des ceintures de sécurité. Pour les enfants, c’est plus pratique.)

Katia : ah, non, Vadim ne travaille pas aujourd’hui, c’était l’anniversaire de son fils hier.

Moi (oui, vous avez bien lu et j’ai bien entendu) : et ? c’était l’anniversaire de son fils hier et il ne travaille pas aujourd’hui… quel rapport ?

Katia : ben hier, il a trop bu, il ne peut pas conduire aujourd’hui…

Moi intérieur : je ne sais plus quoi dire… it’s Ukraine ! maybe ?

 

* les prénoms ont été modifiés

 

 

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It’s Ukraine, and I love it ! (1ère partie)

Cela fait quelques temps que je rassemble mes idées pour expliquer pourquoi j’aime l’Ukraine. Et, en faisant la liste des points positifs de mon pays d’adoption, je me suis rendue compte qu’un seul article ne suffirait pas. Je vais donc classer toutes mes idées par thème et vous les restituer petit à petit.

Pourquoi j’aime l’Ukraine ? c’est avant tout pour quelque chose de difficilement définissable. J’aimerais dire que c’est pour ce sentiment de liberté que je ressens ici, mais il serait trop inopportun de comparer le pays des droits de l’Homme à un pays où l’on ne peut pas dire que l’on soit libre. En fait, je vais paraphraser Mister Jo, dont les mots sont ceux qui se rapprochent le plus de l’idée que je souhaite vous faire partager : « ce que j’aime ici, c’est l’absence de contrainte », car finalement c’est cette absence de contrainte qui rend la vie moins oppressante, moins stressante.  En fait, après coup, je me rends compte qu’en France, le poids des différentes réglementations pèse sur notre quotidien, presque physiquement.

En Ukraine, pas de radar, pas de fourrière, pas de parcmètre. Quand l’idée de mettre en place une fourrière a vu le jour il y a quelques années, les nombreuses disparitions / volatilisations de voitures ont eu la peau de cette brillante initiative. Dorénavant, on se gare où l’on veut ! D’ailleurs, la première fois que j’ai conduit en Ukraine, j’ai jubilé en me garant sur un trottoir, juste devant l’endroit où je voulais aller… finis le stress de la recherche d’une place, finis le stress des voitures enlevées (et je ris quand je lis qu’on enlève les scooters à Paris : http://blog.lefigaro.fr/auto/2010/03/a-paris-on-rafle-les-scooters.html) pour deux minutes de stationnement en double file, sur un bout de passage piéton ou sur une place livraison. Dorénavant, nous déposons nos enfants à l’école sans stress. A Paris, on a l’impression que les flics descendent en rappel du toit des immeubles pour vous coller une contravention avant même que l’idée de ne pas payer votre parcmètre puisse germer dans votre tête.

Le parcmètre est ici remplacé par un « voiturier » qui vous aide à trouver une place, à vous garer et à sortir de votre place. Il garde même la voiture pour 10 uah (environ 6 centimes) quel que soit le temps passé.

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Ici, une voiture neuve, une belle voiture, on la respecte. Personne ne s’acharne dessus à coup de clés… et j’écris cela en me souvenant d’un triste lundi matin parisien, quand, avec un sentiment de rage mêlé d’impuissance, j’ai découvert ma voiture massacrée à peine 48 heures après sa livraison !

Ce que j’aime à Kiev, c’est de ne pas vivre dans une ville morte le dimanche. Tous les magasins y sont ouverts. Les samedis ne sont plus une course infernale contre le temps pour les personnes qui travaillent. Ce qui n’est pas fait le samedi peut être fait le dimanche ou même le soir jusqu’à 22 heures… certains supermarchés sont même ouverts 24h/24 ! Et je ne vous parle pas de la quantité de services au supermarché : un portier, des animations musicales (DJ, flûtiste, pianiste, etc…), une personne pour mettre vos achats dans des sacs, une personne pour vous aider à charger la voiture, la même personne qui vous commande un taxi si besoin… Et sur le site Internet de Furshet (un des supermarchés) vous pouvez commander jusqu’à 17h pour vous faire livrer le jour même à partir de 18h30 !

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Respirez, vous êtes en Ukraine !

non, la politique n’est pas une farce !

Le 26 octobre prochain se tiendront les élections législatives en Ukraine. Les partis politiques ont largement investi les panneaux publicitaires et l’un d’eux a particulièrement attiré mon attention : celui du Parti de l’Internet (pour voir le site : http://www.ipu.com.ua/) !

Et voilà Dark Vardor, Stepan Chewbacca et 15 autres candidats tout droit sortis de Star Wars se présentant aux élections… et, non, ce n’est pas une farce !

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Comme j’aimerais comprendre l’ukrainien pour pouvoir suivre cette campagne. Je suis certaine qu’il se dit des choses passionnantes !

La force sera-t-elle avec eux ?

 

это процедура

Lundi 6 octobre début d’après-midi

moi : Allo, bonjour, je voudrais prendre un rendez-vous avec le docteur Miakota

réceptionniste d’Isida : c’est pour un premier rendez-vous ou vous êtes déjà venue ?

moi : un premier rendez-vous

réceptionniste d’Isida : vous en êtes à combien de semaines de grossesse ?

moi : je sais pas exactement, un peu plus de 5 mois

[au passage, notez que la conversation se déroulait en russe…]

réceptionniste d’Isida : alors, je vous propose un rendez-vous mercredi 8 octobre à 16h30 pour un test de grossesse et en fonction du résultat vous verrez le docteur Miakota à 17h.

moi : mais pourquoi, dois je faire un test de grossesse ?

réceptionniste d’Isida : это процедура (prononcer éta protsedoura… suis je obligée de vous faire une traduction ?). nous devons d’abord vérifier que vous êtes enceinte avant de vous proposer un rendez-vous avec un médecin.

moi, après 1 an de pratique de l’Ukraine et de ses absurdités, et même pas d’un air dépité : хорошо (bref, ok) !

 

Mercredi 8 octobre, 16h30, bureau de l’échographiste

échographiste : nous allons commencer dans 2 minutes, nous attendons le traducteur

moi : pourquoi ? (un traducteur, quel luxe !)

la traductrice arrivant : bonjour, je m’appelle Irina et je suis votre traductrice.

moi : merci Irina, mais je comprends le russe (et entre nous, je ne suis pas certaine de mieux comprendre les termes utilisés pendant une échographie en anglais qu’en russe)

échographiste : vous semblez être enceinte…

moi intérieur : sans blague !

échographiste : vous avez un dossier à me montrer (me dit elle, alors que je lui tendais mes deux premières échographies faites à Paris) ?… oh elles sont belles ces photos !… mais vous avez déjà tout fait, je vais appeler le médecin pour savoir si nous devons vraiment refaire une échographie pour contrôler si vous êtes vraiment enceinte.

docteur Miakota (qui parle un français parfait) : je suis désolée, il va falloir refaire une échographie, это процедура…

 

30 minutes plus tard, j’envoie un SMS à Mister Jo : je viens d’avoir la confirmation : je suis bien enceinte !

Alors, vous venez quand ?

Soupe du jour

Restaurant BEEF, à l’heure du déjeuner :

moi : Quelle est la soupe du jour ?

le serveur : Une soupe au potiron

moi : Ok, je vais prendre la soupe du jour, alors

le serveur : Malheureusement, il n’y en a plus

moi : ??

« it’s Ukraine », again !

Mais l’Ukraine, c’est aussi un pianiste (et son piano) suspendu dans les airs, la babouchka et ses paniers de cèpes, des canapés à 32000 euros, un incroyable sandwich au crabe à 4 euros, une après midi de rêve sur une plage quasi déserte (Olmeca) et un festival international d’art contemporain multidisciplinaire : Gogolfest (Гогольфест) !

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Le monde des Bisounours

Je sais, deux mois sans article, c’est long. Et pourtant, l’Ukraine continue de m’étonner un peu plus chaque jour. J’ai même en tête plusieurs billets pour alimenter les prochaines semaines. Alors pourquoi ce silence ?

Parce que la situation en Ukraine est compliquée et que depuis le crash du vol de la Malaysian Airlines dans l’est de l’Ukraine, je me pose des questions sur ce blog. Car, ce jour-là, j’allais publier un article au ton très léger (comme la plupart sur ce blog) et je me suis dit que ce n’était pas le moment… puis la situation n’a cessé d’empirer et la question de la légèreté de mes propos m’a semblé être de plus en plus d’actualité. Faut-il continuer ce blog ? si oui, comment ? Comment ne pas laisser supposer une seconde que je vis dans un monde parallèle, où à Kiev tout est beau et tout le monde est gentil ? Car non, je ne vis pas dans le monde des Bisounours !

Une autre part de moi, me dit que je ne suis pas journaliste, et que le but de ce blog est de raconter ma vie à Kiev et c’est tout. Alors, comment conserver une légèreté de ton aujourd’hui ?

Parce que si je commence à penser à la guerre, aux attaques terroristes, à la possible coupure de gaz de cet hiver, aux -25° sans chauffage, si je pense que Kiev est à moins de 100 km de Tchernobyl, si je me demande à chaque seconde, est-ce que je peux manger ces framboises, ces champignons et si oui combien ? Et l’eau du robinet, elle est potable ou pas ? Est-ce que le bio est vraiment bio ? Est-ce que le marchand de glace à respecter la chaîne du froid ?

Alors dans ce cas, je ne vis plus. Je survis, j’attends, je me lamente… et je m’enfonce au fond du lit pour regarder Secret Story.

Mais, j’ai décidé de ne pas me laisser envahir de mauvaises pensées, de me protéger, de vivre pleinement. Je ne suis pas journaliste (je le répète), et je ne peux pas me contraindre à mentir : Kiev vit, Kiev sort, Kiev organise des festivals, Kiev bouge. C’est un fait et c’est ma vie.

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Un an, déjà

Je sais, le rythme de mes publications s’est un peu ralenti ces dernières semaines. Il est tout à fait légitime de se demander où sont passées mes bonnes résolutions, qu’est devenu mon besoin de conserver une rigueur, etc… Envolés ! Et pour être honnête, l’appel de la plage a été bien plus fort !

Regardez ces photos de plages (Bora Bora et Olmeca) et vous comprendrez. A trois petites stations de métro (ou 10-15 minutes en voiture) de chez moi, 50 grivnias le transat + parasol en semaine et 20 grivnias le Coca (soit 4,41 € au total l’après-midi plage). Comment résister ?? Et puis, il fait si beau !

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Je sais aussi, que le sous-titre de ce blog « Un an dans la vie d’une femme d’expat’… à Kiev » devrait évoluer, mais je n’ai pas encore trouver la bonne formule. Evidemment, j’ai quelques pistes.

L’année est passée si vite : le déménagement, les premiers pas en famille à Kiev, les nouvelles rencontres, les découvertes culinaires et autres bizarreries, la nostalgie, l’apprentissage du russe, le froid intense, la révolution, le stress, les moments de joie, les prises de têtes, les kilos en plus, les fous rire, les restos, les fêtes, la fête… et enfin Odessa ! Car, comme tout vient à point à qui sait attendre, nous avons enfin pu découvrir Odessa début juin. Oui,  nous avons visité la vieille ville, vu le célèbre escalier du Potemkine, assisté à de petits spectacles en plein air, mais nous avons aussi posé nos serviettes en famille à l’Ibiza Club sur un énorme matelas de 3 m² (au moins) !

Vous voyez, ce n’est pas parce que mes publications sont moins régulières, que plus rien ne m’étonne en Ukraine, je profite simplement du beau temps.

Récemment,

– du balcon de chez Maria-Claudia, j’ai observé ce camion conçu pour changer les publicités des panneaux d’affichage.

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– je suis restée coincée dans un énorme embouteillage paralysant tout le centre ville, parce que dans l’un des boulevards les plus fréquentés (Shevchenko boulevard), une canalisation à sauter et…

– j’ai acheté du papier toilette à Maïdan

– nous avons organisé une grosse fête à la maison avec le DJ du Touch Café

– et  j’ai mangé des macarons ukrainiens, fait de vraies affaires chez Bonpoint à -60%, participé à un très chic mariage ukrainien, applaudi Miss L. à l’Opéra de Kiev pour son spectacle de danse de fin d’année, et vu la Mairie de Kiev se refaire une beauté après les jours sombres de l’hiver, Mister Jo a découvert le камбала (le turbot) et j’ai déjà tenté 3 fois d’en cuisiner (sans succès), nous avons pris nos quartiers d’été sur la terrasse du restaurant Konkord…

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Mais parce que Kiev, c’est encore mieux la nuit, nous avons testé (et apprécié) les boîtes de nuit estivales : la terrasse du Decadence et le Dali Club… d’ailleurs nous y retournons ce week-end, et le week-end suivant, et le…

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Un an, déjà… et ce n’est que le commencement !

Ta fille compte comme une Ukrainienne !

Contrairement à Miss L. qui suit un cursus français à l’école française, Miss E. ne connait que le système ukrainien. Et alors, que je pensais qu’à deux ans, les activités se cantonnaient au dessin, à la danse, à la musique, je me suis aperçue que Miss E. apprenait aussi à compter et à dénombrer.

A l’école française, Miss L. a appris à compter sur ses doigts, comme nous tous, en dépliant les doigts dans l’ordre : pouce, index, majeur pour compter jusqu’à trois.

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Que Miss E. le fasse différemment, cela ne m’avait pas marqué plus que cela, jusqu’au jour où Stéphanie me dit « Regarde, ta fille compte comme une Ukrainienne ! ». En effet, la technique ukrainienne pour compter jusqu’à trois est de déplier l’index en premier, puis le majeur, puis l’annulaire.

numeration-doigts UAEn racontant cette histoire à Laure, celle-ci ne paraît pas étonnée, un de ses enfants est à l’école ukrainienne et compte comme Miss E., les deux autres vont à l’école américaine et comptent aussi différemment : en commençant par l’auriculaire.

Il me semblait pourtant que l’influence des parents primait sur celle des enseignants… voilà une idée reçue totalement balayée !

 

PS : ma fille pose aussi comme une Ukrainienne, mais l’art de la pose à l’ukrainienne mérite un article particulier.

 

 

36 heures à Paris

Avant j’aimais Paris. Mais ça, c’était avant… quand j’y habitais.

J’y suis retournée pour 36 heures au début du mois et en 36 heures, j’ai eu une piqûre de rappel de tout ce que je détestais de cette ville :

– trajet aéroport Charles de Gaulle > école militaire en taxi : 65 euros. en fait c’était 62,80 € mais le taxi n’a pas cru bon de me rendre la monnaie ou même de me remercier pour le pourboire. Peut-être parce que pendant tout le trajet (48 minutes), j’ai eu droit à un service spécial généralement surtaxé : le « tutoiement – ma chérie – mamzelle – ma beauté – radio Nostalgie pour les sourds »

– le lendemain, rendez-vous à Neuilly. ça tombe bien, j’ai le choix entre un bus direct et 3 métros différents. ça tombe mal, c’est un jour de manifestation (un de plus) et le lieu de rassemblement n’est autre que place Joffre, bus annulé.

– Evidemment pour revenir de Neuilly, il fallait bien un colis suspect dans le métro.

– Pour dîner, en particulier dans les restaurants à la mode, ceux pour lesquels cela se bouscule au portillon, il y a deux services. A 20 heures et à 22 heures. Alors c’est parti pour 20 heures parce que le lendemain mon avion décolle à 7 heures du matin. Mais pour 20 heures, il faut au moins partir à 19h30. Et à 19h30, c’est encore l’heure de pointe dans le métro ! on est serré, ça sent mauvais, l’agressivité est au rendez-vous, mon pied glisse et frotte une chaussure… et hop un petit coup de pied dans le tibia pour bien me faire comprendre, qu’ ici, à chacun son espace vital.

Le lendemain matin à 5h30, j’ai pris LeCab, le chauffeur était à l’heure, discret, en costard cravate, il m’a proposé de choisir ma musique et, depuis un iPad, je pouvais lire journaux et magazines. Tout cela pour 49 euros. Les taxis parisiens ont bien raison de se faire du soucis !

ouf, me voilà de retour dans ma « ville au bord de la guerre civile » comme me disent certains parisiens…

 

PS :  j’ai eu confirmation dans le Kyiv Post que j’ai lu dans l’avion, le concert de Mireille Mathieu du 6 mars dernier avait été annulé et reporté au 8 juin… pas de bol, je l’ai loupé ! Je vous laisse, tout de même, découvrir comment elle y est présentée.

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