Welcome back

Heureusement ou malheureusement, quand on quitte l’Ukraine pour quelques jours, on a tendance à oublier notre quotidien là bas. Rentrer en France, c’est un peu comme enfiler des chaussons et entrer dans un cocon où tout devient simple et douillet.

Puis à peine dans l’avion, en particulier quand on prend un vol Ukraine International (MAY pour les connaisseurs), c’est un retour brutal à ce qui est devenu ma réalité.

Après plus de 2 ans à Kiev, j’ai compris que je n’avais pas la même notion du temps que mes interlocuteurs locaux. Par exemple, en France, vous avez 30 minutes pour déjeuner, vous savez que c’est faisable. En Ukraine, quand on a 30 minutes avant un rendez-vous, on hésite à s’arrêter prendre un café car on n’est même pas sûr d’avoir le temps d’être servi… (même s’il n’y a pas d’autres clients que vous dans le café)

Mais revenons à notre dernier vol Paris-Kiev en direct d’Ukraine International. Forte de mon expérience de l’Ukraine, 20 minutes avant l’heure du repas de Miss A, je demande à l’hôtesse, après avoir rempli le biberon d’Evian, de bien vouloir le réchauffer. Je précise qu’il doit être tiède.

[Note pour les non résidents en Ukraine, l’Evian est une ressource rare et chère. Une bouteille d’Evian coûte plus chère qu’un kilo de cerises en Ukraine, alors qu’en France un kilo de cerises est plus cher que 2 packs d’Evian]

Evidemment, elle est d’accord et part en « cuisine » avec mon biberon. Une bonne dizaine de minutes plus tard, elle revient avec un biberon vide mais chaud… Grand moment d’incompréhension et de solitude de mon côté (tout le monde connait les difficultés d’entrer dans un avion avec un liquide, je n’avais donc pas sur moi de quoi recommencer plusieurs fois l’opération)… d’un autre côté, c’est de ma faute, j’avais demandé à ce que le biberon soit tiède et pas l’eau qui est à l’intérieur du biberon…

moi : où est l’eau ?

l’hôtesse (étonnée) : je l’ai jeté après avoir stérilisé le biberon

moi (elle a quand même stérilisé un biberon alors que je ne lui avais pas demandé et en plus avec de l’Evian) : mais pourquoi ?

l’hôtesse : c’est important pour les bébés

moi (Miss A a quand même 9 mois) : oui mais là, vous avez stérilisé le biberon avec de l’Evian (je précise, car c’est un mot magique qui leur fait prendre conscience de leur erreur) et je n’en ai peut être plus assez maintenant pour faire un biberon.

l’hôtesse : je vais trouver une solution… je vais mettre de l’eau « ordinaire » (j’ai du mal à traduire clairement)

moi : mais je ne veux pas mettre de Morshinska…

finalement, avec les fonds de 2 petites bouteilles d’Evian, je lui demande de remplir le biberon de 210 ml d’eau et de le faire chauffer.

10 minutes plus tard, elle revient avec mon biberon chaud et l’eau froide à l’intérieur… Mais où suis-je ???

l’hôtesse voyant mon agacement : cela ne vous convient pas ?

moi : non, je voudrais que l’eau soit tiède et là elle est froide.

Retour en cuisine du biberon, nouvelle attente de 10 minutes, puis je me décide à aller au fond de l’avion pour activer le mouvement, le biberon était posé sur un comptoir avec mon hôtesse qui papotait avec ses collègues et qui me demande si j’ai besoin de quelque chose…

OUI, MON BIBERON !

A la maison, depuis le départ précipité (et volontaire) de l’excellente Galina, surnommée Galimou par les intimes, (3 semaines avant notre voyage en Thaïlande auquel elle devait participer) Valentina vient tous les matins. Hier, je lui explique que l’accordeur devrait passer à 10 heures. je lui dis aussi que Mister Jo a laissé l’argent sur le piano pour payer l’accordeur et qu’il a oublié son téléphone.

Valentina : qui a oublié son téléphone ? l’accordeur ?

Moi intérieur : oui, ce matin, l’accordeur est passé à la maison pour oublier son téléphone, mais il revient à 10 heures pour travailler…

Bienvenue dans mon quotidien ! Vous comprenez l’histoire des chaussons maintenant ?

Miracle de l’Ukraine #1 : le fabuleux périple de mon téléphone

Il y a 10 jours avant le décollage de l’avion pour Kiev, j’envoie un dernier SMS à Alexandra, puis éteint mon téléphone (celui avec un numéro français, celui dont l’écran c’était déjà brisé en milliers de morceaux). A l’arrivée, n’ayant pas l’utilité de ce téléphone dans l’immédiat (j’en ai un avec un numéro ukrainien – je sais, c’est la classe), je ne me précipite pas comme mes co-voyageurs pour le rallumer.

Si bien que, bien plus tard, dans le taxi, je m’aperçois que mon téléphone n’est plus dans mon sac. Le chauffeur de taxi me voyant m’afférer à l’arrière me demande, dans un anglais impeccable, si j’ai oublié quelque chose.

Moi : mon téléphone, il doit être resté dans l’avion

Le taxi : appelez la compagnie maintenant, s’il est dans l’avion, l’équipe du ménage va le retrouver. (évidemment !)

Comme n’importe qui à ma place, je l’écoute, le trouve bien naïf,  lui dit « oui oui » et passe à autre chose (un peu énervée quand même par la situation).

Mais, il insiste « appelez maintenant, vous avez encore une chance de le récupérer, mais il faut le faire tout de suite ».

A la place, j’appelle Mister Jo. C’est lui qui appelle Ukraine International (la compagnie) et les objets trouvés de l’aéroport Boryspil (Бориспіль) de Kiev… en vain. Un dimanche soir, mes chances s’amenuisent, les téléphones sonnent dans le vide.

Finalement, le chauffeur de taxi insistant encore, Mister Jo leur envoie un mail (sans conviction).

Le lendemain matin à 9h, le téléphone de Mister Jo sonne. C’est l’aéroport de Simferopol (Сімферополь) près de Sébastopol (en crimée), ils ont trouvé un Nokia dans l’avion. Quelques heures plus tard, après vérification, c’est bien mon téléphone (facile, avec mon écran, il a un vrai signe distinctif), il est confié à un chauffeur de bus faisant la liaison Sébastopol – Kiev.

Et 72 heures plus tard, pour la modique somme de 58 hryvnias (prononcé grivnias, soit l’équivalent de 5 euros), le téléphone est livré au bureau de Mister Jo. C’est décidé, ce sera mon premier miracle ukrainien !

Finalement, le plus compliqué a été de récupérer une nouvelle puce !