Mon cher diplôme !

Pas de post depuis le 13 février… je ne sais même plus si j’ai une excuse ? suis-je définitivement passée de l’autre côté de la force ? En fait, l’hiver a été long et parfois, je n’ai plus aimé l’Ukraine.

Miss A est née le 27 janvier dernier à Kiev. Est-ce que je recommanderais Isida, la clinique privée, la « meilleure » d’Ukraine à quelqu’un ? si je vous réponds que cela dépend si c’est une amie ou pas, vous aurez un début de réponse… disons que si on se fiche de comprendre les situations, les explications, si on n’attend pas de réponses à nos questions, si on se cogne de l’intimité, si la pudeur ne fait pas partie de notre trait de caractère, si on n’est pas chochotte et si on aime, voire on adore la kasha et le tvarog, alors Isida est faite pour vous ! En 6 jours, pas une personne n’a été capable de prononcer un mot en anglais… étonnant pour la clinique préférée des étrangers ! Le point positif, mon champ lexical médical s’est largement étoffé… ce qui m’a ensuite servi quand 2 semaines plus tard, Mister Jo s’est rompu un tendon !

Boulettes, graines, tvarog et pommes au four, inlassablement, le même menu !

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Depuis le 13 février, il y a aussi eu le séjour à Bukovel, une bonne expérience, comme on peut s’en étonner parfois en Ukraine, il y a eu le départ précipité de notre chère Galina et il y a maintenant les beaux jours, les terrasses, la plage, les fruits et légumes et de nouvelles expériences : le cinéma en ukrainien et le pressing.

Il y a des salles comme cela en France ?

ciné

En fait, non, le pressing n’est pas une nouvelle expériences mais pour la première fois, ils n’ont pas réussi à retirer une tâche sur ma toute nouvelle robe. Alors, sans même me poser la question, ils ont pris l’initiative de la teindre… oui oui, vous avez bien lu. Et je me surprends encore à être étonnée par ce genre d’événements. Mais comment, au pays où l’on prend le moins d’initiatives possibles, ou celles-ci étaient naguère punies, comment, au pressing, quelqu’un a pu imaginer qu’une robe bleue pétrole limite fluo allait me convenir ?

Parmi les « bonnes » incongruités ukrainiennes, il y a aussi celle des gestes qui ne servent à rien comme remettre la capsule du Coca après l’avoir décapsulé, comme, au bureau de change, vérifier 3 fois à la machine, qu’il n’y a bien qu’un seul billet de 100 dollar à changer en grivnias, comme remettre les billets d’avion bien droits et bien alignés dans le passeport, puis vérifier une fois, deux fois, trois fois qu’ils sont bien droits et bien alignés, etc. etc.

Bref, mon quotidien.

Avec tout cela, j’ai complètement oublié qu’il fallait que je récupère mon diplôme de russe. Je crois que c’est celui qui m’a demandé le plus d’engagement, le plus de travail et d’effort, celui qui m’est le plus cher ! Laure, faisons nous la route ensemble vers le B2 ?

B1

 

Estimation du niveau de russe familial

Sujet intéressant, n’est-ce pas ? il est vrai, qu’après un an et demi d’immersion en Ukraine, il est temps de faire un point d’étape.

Rappel des techniques employées :

Miss E en immersion totale : tout d’abord la journée dans une école 100% ukrainienne (cursus en russe) depuis l’âge de 2 ans et en contact avec nounou, babysitters, professeurs de danse et de natation russophones.

Miss L tout en douceur : école française à temps plein et deux après midi en école ukrainienne pendant 8 mois, puis une à deux heures par semaine de cours particuliers de russe et en contact avec nounou, babysitters, professeurs de danse, de musique, de natation russophones.

Mister Jo en formation : une heure et demie de cours particuliers 3 fois par semaine.

et moi, la méthode intensive : trois heures de cours particuliers par jour, 5 jours sur 7 + environ une heure de devoir/révision à la maison.

Bilan :

Miss L parle et comprend correctement le russe.

Cécile : Ah mais ta fille parle russe

Moi : oui, comme la tienne

Cécile : non mais la tienne, elle fait des phrases !

et Miss E est totalement bilingue (voire trilingue avec l’ukrainien) dans sa tête, c’est à dire qu’elle comprend absolument tout, même les subtilités, mais parle peu. Elle a le même niveau en français et en russe.

L’apprentissage a été quasi facile, sans douleur… force est de constater que les enfants sont de véritables éponges. Aujourd’hui, il leur arrive de parler entre elles en russe.

Le plus étonnant avec Miss L, c’est qu’elle écrit des mots et lit un peu en russe alors qu’elle ne connaît que l’alphabet en français (puisque la grande section n’est pas faite pour appendre à lire et écrire). Fait curieux aussi, Miss L lit et écrit la musique… et elle peut être fière d’avoir été acceptée au conservatoire grâce à son niveau de russe condition sine qua non pour y entrer.

Miss E aime mixer les deux langues quand elle parle comme par exemple « где ma robe черный à paillettes ? » (où est par robe noire à paillettes ?) ou encore « un, deux, trois, quatre, cinq, six, семь, восемь, девять, десять ». Pourquoi ta fille compte à moitié en français et à moitié en russe ? me demande ma mère… Je ne sais pas !

Lors de la réunion parents-maîtresses du sadik (école), bien que dans cette école-là il y ait deux cursus (l’un en russe, l’autre en ukrainien) les discussions étaient un peu tendues sur la langue utilisée par les différentes maîtresses et pendant les temps de pause.

– le professeur de grammaire de Miss E. : ici nous ne pouvons pas faire autrement, il y a des enfants, qui chez eux parlent russe comme Ilia, Macha, Voda, et Génia (Eugénie)…

A ce moment, tout le monde se retourne vers moi avec un sourire amusé. Et le professeur continue en s’adressant directement à moi : « Oui, Génia parle russe ».

Les deux filles comprennent instantanément, comme si on leur parlait en français, alors que je sens bien que moi mon cerveau passe par une phase (même rapide) de traduction. J’analyse la phrase, me demande si je l’ai bien comprise, j’essaie de retenir la tournure pour l’utiliser une autre fois etc… et seulement après, j’essaie de répondre correctement.

En écrivant ses lignes, j’apprends que j’ai réussi mon B1 (Test of Russian as a Foreign Language (TORFL)) et je suis vraiment contente. Même si, j’ai encore droit à des « mais maman (il y a aussi « mais papa ») elle/il te dit que… elle/il te demande si… ». merci Miss L, notre « google translate » en chef de la famille !

Dimanche dernier en discutant avec une hongroise en russe :

la dame : vous êtes Russe ou Française ?

moi (après un petit moment d’hésitation, pensant que c’était une bonne blague) : heu… Française !

la dame : à 100% ?

Mais samedi, les filles et moi sommes parties acheter des bougies pour l’anniversaire de Miss L. Après plusieurs boutiques, je me lance et commence à demander à une vendeuse… mais comment on dit « bougie » déjà en russe ?

Moi : Miss L, comment on dit « bougie »

Miss L : je ne sais pas

Moi : et toi, Miss E, tu sais comment on dit « bougie »

Miss E : bou-gie

Moi : non, mais en russe ?

Haussement des épaules de Miss E.

Bref, y’a encore du boulot !

 

 

ranger / tuer : same same (but different)*

Après un peu plus de 3 mois de cours ultra intensifs de russe (pour rappel, 3 heures tous les matins du lundi au vendredi), oui j’ai fait des progrès, oui je commence à comprendre quelques conversations simples, oui je me fais comprendre… et heureusement ! Mais apprendre une langue à mon âge… le russe est quand même, y’a pas à tortiller, une langue compliquée.

A ceux qui serait encore capable de me dire « mais tu as fait de l’allemand, pour toi cela doit être simple », sachez que je suis très susceptible à ce sujet car non, ce n’est pas plus simple, à côté du russe, l’allemand est d’une simplicité absolue.

En russe, il y a 3 genres (masculin, féminin, neutre), 6 déclinaisons x 2 (pour les noms et pour les adjectifs) avec parfois des déclinaisons au pluriel improbables. A l’accusatif, il faut se demander, pour les noms masculins, s’ils sont animés ou pas (parce que papa, oiseau, voisin, Sacha se déclinent mais écharpe, étagère, maison (en russe ces noms sont masculins) restent au nominatif).

En russe, quasiment tous les verbes sont doubles en fonction de si l’on souhaite exprimer un résultat ou un processus, des situations qui se suivent ou des actions simultanée.

En russe, il y a 2 verbes pour exprimer le fait d’aller quelque part à pied (sans courir) et 2 verbes pour exprimer le fait d’utiliser un véhicule (voiture, bus, train, métro mais pas avion) pour s’y rendre. Pour chacun des verbes, il faut se poser la question : « est-ce que c’est un « one way » ou est-ce que je vais rentrer chez moi après ? ». Et le pompon, quand on ajoute une préposition à ces verbes dit « de mouvement » le perfectif devient imperfectif et vice versa. Et je passe sur les milliers d’exceptions dans la conjugaison et le fait que, parfois, pour exprimer le futur il faut conjuguer au présent.

En russe, quand on parle d’un lieu, la déclinaison sera différente si on y est déjà (prépositionnel) ou si on y va, on en revient, bref si on bouge (accusatif)**. Alors, avec tout cela (et j’en oublie), avant de faire une phrase… Finalement, apprendre l’alphabet cyrillique, c’est ce qu’il y a de plus simple !

Alors avec l’allemand, vous me faites rigoler ! j’ai d’ailleurs décidé qu’une fois le russe acquis (ou presque) pour me récompenser de tous mes efforts, j’apprendrai une langue facile. Et j’ai déjà prévenu Mister Jo que, s’il y a une prochaine expatriation, je le remercie par avance de ne pas choisir la Chine !

Et dire que Miss E. après 4 mois d’immersion dans une école ukrainienne comprend déjà tout ! C’est ce que m’a confirmée une de ses maîtresses la semaine dernière. oui oui, j’ai le niveau pour discuter du quotidien avec la maîtresse… je sais, c’est épatant !

Rapidement, dès septembre, en essayant de communiquer avec Galina, la nounou de mes filles, j’ai décelé qu’убивать (prononcer oubiVat) voulait dire « ranger ». убивать est donc devenu mon mot favori, que j’accompagnais volontiers de « всё » (prononcer fsio) voulant dire « tout ».

En cours, entre 2 leçons de grammaire, nous explorons le champ lexical d’un thème. Récemment, ce fut le tour du thème, fort intéressant, du « ménage » : aspirateur, machine à laver, poussière, savon, nettoyer… ranger

moi : celui là, je le connais !

Olga (ma prof) étonnée : je ne crois pas…

moi : si si, je l’utilise souvent, c’est убивать

Olga : comment connaissez-vous ce mot ? il ne veut pas dire « ranger »… c’est le verbe « tuer ». « ranger » c’est убирать (prononcer oubiRat)

moi : parce que je dis à ma nounou de « tout tuer » tous les matins…

*les habitués de la Thaïlande comprendront

** ajout le 27/01 après vérification/confirmation auprès d’Olga : mais si vous êtes dans le taxi, ce n’est pas vous qui bougez mais le taxi donc on utilise le prépositionnel et pas l’accusatif… j’adore le russe !

La Poste, encore !

En vacances à Antibes… au bureau de poste :

– La postière s’adressant à Miss E. (2 ans et demi et quelques mots à son actif) : Mais ma chérie, je ne comprends pas ce que tu me dis…

– Miss L. (bientôt 5 ans et toujours prête à prendre la défense de sa soeur) : C’est normal, elle parle russe !

La tête de la postière, à ce moment-là, valait son pesant d’or.

с Новым годом

Le jour où…

… j’ai commandé un taxi, pour la première fois, en russe (et qu’il est arrivé) !

#Istherelifeonkyiv