Le stress de l’addition

Il y a quelques jours, nous sommes allés dîner dans un restaurant français (dont je ne me souviens pas du nom) – je sais, c’est décevant de choisir un restaurant français en Ukraine – avec des amis. De toutes façons, ici quel que soit le restaurant, l’histoire est la même, ce n’est pas le montant de l’addition, qui est stressant mais plutôt le cumul de deux concepts, totalement ukrainiens, compliqués à comprendre pour un étranger :

  • 1. il faut payer avant minuit… ou attendre 30 minutes avant de pouvoir payer de nouveau
  • 2. une addition = une carte bancaire // deux cartes bancaires = deux additions. Ne vous inquiétez pas, je vais vous expliquer.

Alors, quand ce soir-là, la serveuse apporte les digestifs vers 23h40, Mister Jo demande l’addition. D’ailleurs la serveuse en chef est venue le lui suggérer. L’addition arrive, nous décidons de la partager et donnons nos deux cartes bancaires à la serveuse, qui repart à la caisse. Plus de 10 minutes plus tard, je me lève pour demander ce qu’il se passe (nous sommes presque seuls dans le restaurant, ce n’est absolument pas l’heure de pointe à la caisse). A deux (il faut bien être deux dans les situations difficiles), elles étaient entrain de refaire 2 additions différentes en essayant de faire en sorte qu’en fonction de ce que nous avions commandé, les deux additions soient égales, ou presque. Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué !

Hier, je racontais cet épisode (qui revient fréquemment) à Olga, ma prof de russe, et celle-ci ne comprenait pas mon étonnement. Tout cela lui semble logique… à elle. Et elle me dit :

– Olga : Pourquoi, c’est différent en France ?

– Moi : non, Olga, c’est différent partout ailleurs dans le monde ! on donne nos cartes, chacun paie ce qu’il veut. L’important, c’est qu’au final, la somme des différents paiements soit égale (ou supérieure) au montant de l’addition.

Ce qu’il se passe entre minuit et minuit et demi, je ne l’ai pas bien compris, une sombre histoire de clôture des comptes de la journée, souvent synthétisée par mes différents interlocuteurs par un « it’s Ukraine » (lire article), qui coupe court à toute tentative d’aller plus loin dans la discussion.

Notre serveuse revient donc avec ses deux additions quasi identiques (une prouesse) quelques courtes minutes avant minuit. Notre ami paie et il est 23h58 quand c’est au tour de Mister Jo. Il ne reste que 2 minutes et cela rend très nerveuse notre serveuse. Ces doigts tremblent sur le terminal de CB. Mister Jo se trompe de code. Il faut recommencer. Bientôt minuit, la tension est palpable. Ouf, à 23h59 et quelques secondes le paiement est accepté. Tout le monde est soulagé !

Vous avez bu ?

Étonnamment, en Ukraine, il n’y a aucune tolérance avec l’alcool au volant. Le vieux slogan français de la Sécurité Routière « Boire ou conduire, il faut choisir » prend ici tout son sens. Alors quand on sort, celle qui ne boit pas, c’est moi !

Samedi soir, après un dîner divin sur la terrasse du restaurant Concord, nous décidons de prendre un verre au Touch Cafe avant d’aller danser sur la terrasse d’été ultra VIP du Decadence. Même si j’ai bien intégré l’idée que se garer n’importe où et surtout sur les trottoirs est possible (j’adore !), je ne suis pas encore tout à fait à l’aise avec le code de la route local (ici, je peux quand même tourner à droite si le feu est rouge ou pas ??) et avec la géographie (je tourne à la première ou à la deuxième à gauche ?).  J’hésite parfois, et samedi je passe au feu clignotant vert (notre orange). Pas de chance, un policier me voit et m’arrête. Petit stress de mon côté, va-t-il falloir laisser un petit « pourboire » ? comment, combien et quand le donner ?

Finalement, le policier me parle en ukrainien et je ne comprends pas grand chose à part bonjour et документ (document). Bref il veut mes papiers. Après m’avoir fait remarquer, que j’avais mis un certain temps pour ouvrir la fenêtre, il me demande si j’ai bu de l’alcool. Evidemment, non. Mais pour en être sûr, il me demande de sortir du véhicule pour un petit test d’alcoolémie.

Je m’exécute et reste interloquée quand, en guise de test, il me demande de lui souffler sur le nez… Ai-je bien compris ? un peu gênée, je lui souffle sur l’oreille, mais il insiste… une nouvelle fois, je m’exécute et, satisfait du résultat, il me laisse gentiment repartir, oubliant cette vague histoire de feu grillé.

Et je me dis que, pour rien au monde, je ne souhaiterais être policier en Ukraine…

Un jour, j’irai là-bas !

Odessa est la destination plage de l’Ukraine (mais pas que), là où, avant de nous expatrier, nous avions déjà songé à passer les derniers week-end d’été – malheureusement la météo exceptionnellement pluvieuse de cette rentrée, nous a fait renoncer à ce projet – là où, plus tard, nous avions prévu de passer nos longs week-end de printemps, cette fois-ci l’actualité politique (malheureusement, je continue à suivre les  JT français et à lire la presse française) nous a contraint à repousser ce voyage.

Déçus par ces rendez-vous manqués avec Odessa, pour le week-end de Pâques, nous avons décidé de rester à Kiev et tester de nouveaux restaurants car le Touch Café et Kanapa sont sympas, mais nous commençons à connaître leurs cartes par cœur.

Notre week-end gastronomique a commencé le vendredi par un dîner dans l’unique vrai restaurant japonnais de la ville : Fujiwara Yoshi. Une carte conçue par un chef japonnais ayant été formé au Japon. Des entrées originales mais un plateau de makis trop ukrainisé (bourré de cream cheese et de mayonnaise. Oui, ici ils sont fous de mayonnaise, partout où ils peuvent en mettre, ils en mettent). Note pour plus tard : ne pas commander de makis, uniquement des suhis.

Le lendemain, déjeuner familial chez Pantagruel, un restaurant italien comme il n’y en a qu’en Italie. Exceptionnel. Carte originale, pâtes délicieuses !

Le soir, direction le nouveau restaurant géorgien шоти (lire Shoti) : décoration contemporaine, service parfait (important à signaler en Ukraine), repas savoureux, prix dérisoire.

A la demande de Miss L., en manque de Tricotin (notre cantine chinoise du 13ème arrondissement parisien), nous sommes allés chez Утка-бар (lire  Outka bar / Утка signifiant canard) pour goûter un canard laqué croustillant servi en deux fois : magrets/peau/crêpes puis carcasse en sauce. Bon à savoir : une fée divertit les enfants le week-end.

Dimanche soir, direction le restaurant икра (lire ikra / икра signifiant caviar) pour un dîner de poisson. Salle vide mais tartares, saint-jacques et dorade parfaits, même le dessert était bon !

Enfin, lundi brunch au nouveau Milk Bar, cantine américaine où l’on sert un banofee pie à tomber (juste en dessous du Touch Café).

Lecteur de ce blog vivant à Kiev, cela vous donnera peut-être envie de découvrir ou redécouvrir ces restaurants (n’hésitez pas à m’en conseiller), et pour les autres, cela vous donnera peut être une autre vision de l’Ukraine, loin de celle d’un pays en pleine guerre civile racontée par les médias européens.

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Le meilleur restaurant indien du monde

Fin avril, la liste complète des « 50 meilleurs restaurants du monde » a été publiée par le magazine britannique « Restaurant ». Le premier restaurant étant danois, Le Monde s’interroge et ose la douloureuse question « La France domine t-elle encore la gastronomie mondiale ? ». Mais pourquoi parler de ce classement dans ce blog ?

Parce que je m’étonne de ne pas y voir un seul restaurant ukrainien… pour avoir déjà dîné au Chateaubriand à Paris (classé 27ème), certains restaurants de Kiev mériteraient de faire partie de ce (discutable) top 50.

Et parce que vivre en Ukraine, par les temps qui courent, m’a appris à vivre au jour le jour et à repousser sans cesse ce week-end à Odessa, que nous nous réjouissons de faire un jour.

Notre premier périple à Odessa était prévu pour le week-end de Pâques. Finalement, le beau temps n’étant pas au rendez-vous et le petit stress lié à la bonne idée d’aller avec les enfants (en ce moment) dans le sud de l’Ukraine, nous ont poussés à le reporter au week-end du 1er et 2 mai (et oui, ici, le 2 mai est aussi férié). Puis à l’approche du 1er mai, il nous a paru plus judicieux d’échanger notre week-end à Odessa par une semaine en Thaïlande. Encore ! penseront certains à la lecture de cette destination… Oui, encore !

Et à Bangkok, nous en avons profité pour dîner chez Gaggan, le 17ème meilleur restaurant du monde. En bonne marketeuse (et parce qu’on oublie pas, en quelques mois, 15 ans de bons réflexes professionnels), je vais m’autoriser le raccourci suivant : j’ai dîné dans le meilleur restaurant indien du monde… car dans cette it-liste, il n’y a pas de restaurants en Inde !

Classé 10 rangs au dessus du Chateaubriand, Gaggan est-il bien meilleur que Chateaubriand… une chose est sûre, je ne sais pas comparer ce qui n’est pas comparable…

Est-ce vraiment exceptionnel ? comme me l’a demandé Pamela. Je dirais oui, car je n’apprécie pas la cuisine indienne et que Gaggan me l’a fait apprécier. J’ai aimé la gentillesse du personnel, j’ai aimé l’idée d’un menu de 11 minis portions toutes différentes et servies à un bon rythme (pas comme au Sergent Recruteur, où l’on est obligé de noyer l’attente et la faim dans l’alcool), j’ai aimé les saveurs (certaines plus que d’autres), j’ai aimé cette plongée dans la cuisine moléculaire, j’ai apprécié de ne pas avoir à réserver plusieurs semaines à l’avance. Mais non, Pamela, ce n’est pas exceptionnel. La Tour d’Argent, c’est exceptionnel ! Gaggan, c’est un bon moment à la découverte d’une cuisine indienne préparée avec justesse, fouettée, modernisée.

 

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La liste des 50 meilleurs restaurants du monde : http://bit.ly/1mUnGk5

PS : Aurélie est allée à Odessa, et elle a passé un bon week-end… cette fois, c’est sûr en juin, je serai à Odessa !

Mais où est passée l’eau chaude ?

Dès septembre, j’avais été prévenue mais cela me paraissait tellement loin… chaque année (en général) en juin, la coupure d’eau chaude longue durée fait partie de la vie des Kieviens.

Là, il est écrit que nous n’aurons pas d’eau chaude à partir de demain et pendant 2 semaines. Je m’en réjouis déjà ! (je sais, ma maîtrise de l’ukrainien vous épate)

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