Estimation du niveau de russe familial

Sujet intéressant, n’est-ce pas ? il est vrai, qu’après un an et demi d’immersion en Ukraine, il est temps de faire un point d’étape.

Rappel des techniques employées :

Miss E en immersion totale : tout d’abord la journée dans une école 100% ukrainienne (cursus en russe) depuis l’âge de 2 ans et en contact avec nounou, babysitters, professeurs de danse et de natation russophones.

Miss L tout en douceur : école française à temps plein et deux après midi en école ukrainienne pendant 8 mois, puis une à deux heures par semaine de cours particuliers de russe et en contact avec nounou, babysitters, professeurs de danse, de musique, de natation russophones.

Mister Jo en formation : une heure et demie de cours particuliers 3 fois par semaine.

et moi, la méthode intensive : trois heures de cours particuliers par jour, 5 jours sur 7 + environ une heure de devoir/révision à la maison.

Bilan :

Miss L parle et comprend correctement le russe.

Cécile : Ah mais ta fille parle russe

Moi : oui, comme la tienne

Cécile : non mais la tienne, elle fait des phrases !

et Miss E est totalement bilingue (voire trilingue avec l’ukrainien) dans sa tête, c’est à dire qu’elle comprend absolument tout, même les subtilités, mais parle peu. Elle a le même niveau en français et en russe.

L’apprentissage a été quasi facile, sans douleur… force est de constater que les enfants sont de véritables éponges. Aujourd’hui, il leur arrive de parler entre elles en russe.

Le plus étonnant avec Miss L, c’est qu’elle écrit des mots et lit un peu en russe alors qu’elle ne connaît que l’alphabet en français (puisque la grande section n’est pas faite pour appendre à lire et écrire). Fait curieux aussi, Miss L lit et écrit la musique… et elle peut être fière d’avoir été acceptée au conservatoire grâce à son niveau de russe condition sine qua non pour y entrer.

Miss E aime mixer les deux langues quand elle parle comme par exemple « где ma robe черный à paillettes ? » (où est par robe noire à paillettes ?) ou encore « un, deux, trois, quatre, cinq, six, семь, восемь, девять, десять ». Pourquoi ta fille compte à moitié en français et à moitié en russe ? me demande ma mère… Je ne sais pas !

Lors de la réunion parents-maîtresses du sadik (école), bien que dans cette école-là il y ait deux cursus (l’un en russe, l’autre en ukrainien) les discussions étaient un peu tendues sur la langue utilisée par les différentes maîtresses et pendant les temps de pause.

– le professeur de grammaire de Miss E. : ici nous ne pouvons pas faire autrement, il y a des enfants, qui chez eux parlent russe comme Ilia, Macha, Voda, et Génia (Eugénie)…

A ce moment, tout le monde se retourne vers moi avec un sourire amusé. Et le professeur continue en s’adressant directement à moi : « Oui, Génia parle russe ».

Les deux filles comprennent instantanément, comme si on leur parlait en français, alors que je sens bien que moi mon cerveau passe par une phase (même rapide) de traduction. J’analyse la phrase, me demande si je l’ai bien comprise, j’essaie de retenir la tournure pour l’utiliser une autre fois etc… et seulement après, j’essaie de répondre correctement.

En écrivant ses lignes, j’apprends que j’ai réussi mon B1 (Test of Russian as a Foreign Language (TORFL)) et je suis vraiment contente. Même si, j’ai encore droit à des « mais maman (il y a aussi « mais papa ») elle/il te dit que… elle/il te demande si… ». merci Miss L, notre « google translate » en chef de la famille !

Dimanche dernier en discutant avec une hongroise en russe :

la dame : vous êtes Russe ou Française ?

moi (après un petit moment d’hésitation, pensant que c’était une bonne blague) : heu… Française !

la dame : à 100% ?

Mais samedi, les filles et moi sommes parties acheter des bougies pour l’anniversaire de Miss L. Après plusieurs boutiques, je me lance et commence à demander à une vendeuse… mais comment on dit « bougie » déjà en russe ?

Moi : Miss L, comment on dit « bougie »

Miss L : je ne sais pas

Moi : et toi, Miss E, tu sais comment on dit « bougie »

Miss E : bou-gie

Moi : non, mais en russe ?

Haussement des épaules de Miss E.

Bref, y’a encore du boulot !

 

 

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La seconde vie des Kangoo de La Poste

 

Certains disent que je suis nostalgique car ce n’est pas tout à fait le même ton de jaune… #‎taxiàKiev‬

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La bonne idée du jour de Galina

Galina : Qu’est-ce que je fais avec le sapin ?

Je la regarde, peut-être a-t-elle une suggestion… puis, finalement, sans me laisser le temps de répondre…

Galina : Je peux le mettre sur le balcon.

Moi intérieur : Ouais, pourquoi pas ?

Galina : et ce soir, quand il y aura moins de monde dans la rue, vous pourrez le jeter directement par la fenêtre !

Bonne idée Galina, jeter un sapin de 2 mètres du quatrième étage (et surtout sans viser les voitures garées devant), je crois que c’est ta meilleure idée depuis que nous nous connaissons !

Je sais, je n’ai rien écrit depuis près de 3 mois. Mais promis, je m’y remets cette semaine.

Bonne année ! с новым годом !

 

Non, les Ukrainiens n’aiment pas tous la vodka !

Moi : Je sais Olga, en Ukraine, dès qu’on a 37,2°, on considère cela comme de la fièvre et on ne va pas travailler

Olga (ma prof de russe) : Evidemment, 37,2° c’est le début de quelque chose, cela veut dire que l’organisme ne va pas bien et il faut rester coucher !

Moi : En France, on continue à travailler, même quand on est malade

Olga : Mais pourquoi ? c’est dangereux ! vous ne pouvez pas travailler quand vous êtes malades et en plus ce n’est pas bien pour vos collègues, vous pouvez les contaminer…

Moi : Vous savez Olga, en France, on va travailler même avec un rhume car si on ne va pas travailler, les 3 premiers jours, on n’est pas payé. Et dans la société dans laquelle je travaillais, on perdait même un jour de congé [difficile d’expliquer ce qu’est un RTT]

Olga : Quoi, mais ce n’est pas normal ! Cela veut dire qu’en France, on ne prend pas soin des travailleurs !

Moi : Non, vous ne pouvez pas dire cela, nous considérons juste qu’à 37,2° on n’est pas malade.

A ce moment-là, Olga est consternée…

Moi : Bon, on ne peut pas dire qu’on ne prend pas soin de nous… notre espérance de vie est quand même plus élevée que celle des Ukrainiens [ndlr : 66,1 ans pour les Hommes en 2012*]

Olga : Cela n’a rien à voir, ici nous avons un vrai problème de pollution…

Moi (je l’avoue un peu moqueuse) : Et un problème d’alcoolisme !

Olga : Ce n’est pas vrai, il faut arrêter avec les clichés, nous n’aimons pas tous la vodka

Moi : Ouais, ouais, et les Français n’aiment pas tous le pain…

 

 

*source : ined (Institut national d’études démographiques) : http://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/europe-pays-developpes/esperance-vie/

L’anniversaire de son fils

Moi : Allo, Katia*, je voudrais réserver un taxi pour cet après-midi de 13h30 à 17h

Katia : ok, je vous rappelle pour vous confirmer le numéro de la plaque d’immatriculation du taxi

Moi : vous pouvez demander à Vadim* comme la semaine dernière, il est sympa et a une bonne voiture ? (ndlr pour les non Kievins, une bonne voiture = avec des ceintures de sécurité. Pour les enfants, c’est plus pratique.)

Katia : ah, non, Vadim ne travaille pas aujourd’hui, c’était l’anniversaire de son fils hier.

Moi (oui, vous avez bien lu et j’ai bien entendu) : et ? c’était l’anniversaire de son fils hier et il ne travaille pas aujourd’hui… quel rapport ?

Katia : ben hier, il a trop bu, il ne peut pas conduire aujourd’hui…

Moi intérieur : je ne sais plus quoi dire… it’s Ukraine ! maybe ?

 

* les prénoms ont été modifiés

 

 

It’s Ukraine, and I love it ! (1ère partie)

Cela fait quelques temps que je rassemble mes idées pour expliquer pourquoi j’aime l’Ukraine. Et, en faisant la liste des points positifs de mon pays d’adoption, je me suis rendue compte qu’un seul article ne suffirait pas. Je vais donc classer toutes mes idées par thème et vous les restituer petit à petit.

Pourquoi j’aime l’Ukraine ? c’est avant tout pour quelque chose de difficilement définissable. J’aimerais dire que c’est pour ce sentiment de liberté que je ressens ici, mais il serait trop inopportun de comparer le pays des droits de l’Homme à un pays où l’on ne peut pas dire que l’on soit libre. En fait, je vais paraphraser Mister Jo, dont les mots sont ceux qui se rapprochent le plus de l’idée que je souhaite vous faire partager : « ce que j’aime ici, c’est l’absence de contrainte », car finalement c’est cette absence de contrainte qui rend la vie moins oppressante, moins stressante.  En fait, après coup, je me rends compte qu’en France, le poids des différentes réglementations pèse sur notre quotidien, presque physiquement.

En Ukraine, pas de radar, pas de fourrière, pas de parcmètre. Quand l’idée de mettre en place une fourrière a vu le jour il y a quelques années, les nombreuses disparitions / volatilisations de voitures ont eu la peau de cette brillante initiative. Dorénavant, on se gare où l’on veut ! D’ailleurs, la première fois que j’ai conduit en Ukraine, j’ai jubilé en me garant sur un trottoir, juste devant l’endroit où je voulais aller… finis le stress de la recherche d’une place, finis le stress des voitures enlevées (et je ris quand je lis qu’on enlève les scooters à Paris : http://blog.lefigaro.fr/auto/2010/03/a-paris-on-rafle-les-scooters.html) pour deux minutes de stationnement en double file, sur un bout de passage piéton ou sur une place livraison. Dorénavant, nous déposons nos enfants à l’école sans stress. A Paris, on a l’impression que les flics descendent en rappel du toit des immeubles pour vous coller une contravention avant même que l’idée de ne pas payer votre parcmètre puisse germer dans votre tête.

Le parcmètre est ici remplacé par un « voiturier » qui vous aide à trouver une place, à vous garer et à sortir de votre place. Il garde même la voiture pour 10 uah (environ 6 centimes) quel que soit le temps passé.

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Ici, une voiture neuve, une belle voiture, on la respecte. Personne ne s’acharne dessus à coup de clés… et j’écris cela en me souvenant d’un triste lundi matin parisien, quand, avec un sentiment de rage mêlé d’impuissance, j’ai découvert ma voiture massacrée à peine 48 heures après sa livraison !

Ce que j’aime à Kiev, c’est de ne pas vivre dans une ville morte le dimanche. Tous les magasins y sont ouverts. Les samedis ne sont plus une course infernale contre le temps pour les personnes qui travaillent. Ce qui n’est pas fait le samedi peut être fait le dimanche ou même le soir jusqu’à 22 heures… certains supermarchés sont même ouverts 24h/24 ! Et je ne vous parle pas de la quantité de services au supermarché : un portier, des animations musicales (DJ, flûtiste, pianiste, etc…), une personne pour mettre vos achats dans des sacs, une personne pour vous aider à charger la voiture, la même personne qui vous commande un taxi si besoin… Et sur le site Internet de Furshet (un des supermarchés) vous pouvez commander jusqu’à 17h pour vous faire livrer le jour même à partir de 18h30 !

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Respirez, vous êtes en Ukraine !

non, la politique n’est pas une farce !

Le 26 octobre prochain se tiendront les élections législatives en Ukraine. Les partis politiques ont largement investi les panneaux publicitaires et l’un d’eux a particulièrement attiré mon attention : celui du Parti de l’Internet (pour voir le site : http://www.ipu.com.ua/) !

Et voilà Dark Vardor, Stepan Chewbacca et 15 autres candidats tout droit sortis de Star Wars se présentant aux élections… et, non, ce n’est pas une farce !

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Comme j’aimerais comprendre l’ukrainien pour pouvoir suivre cette campagne. Je suis certaine qu’il se dit des choses passionnantes !

La force sera-t-elle avec eux ?

 

это процедура

Lundi 6 octobre début d’après-midi

moi : Allo, bonjour, je voudrais prendre un rendez-vous avec le docteur Miakota

réceptionniste d’Isida : c’est pour un premier rendez-vous ou vous êtes déjà venue ?

moi : un premier rendez-vous

réceptionniste d’Isida : vous en êtes à combien de semaines de grossesse ?

moi : je sais pas exactement, un peu plus de 5 mois

[au passage, notez que la conversation se déroulait en russe…]

réceptionniste d’Isida : alors, je vous propose un rendez-vous mercredi 8 octobre à 16h30 pour un test de grossesse et en fonction du résultat vous verrez le docteur Miakota à 17h.

moi : mais pourquoi, dois je faire un test de grossesse ?

réceptionniste d’Isida : это процедура (prononcer éta protsedoura… suis je obligée de vous faire une traduction ?). nous devons d’abord vérifier que vous êtes enceinte avant de vous proposer un rendez-vous avec un médecin.

moi, après 1 an de pratique de l’Ukraine et de ses absurdités, et même pas d’un air dépité : хорошо (bref, ok) !

 

Mercredi 8 octobre, 16h30, bureau de l’échographiste

échographiste : nous allons commencer dans 2 minutes, nous attendons le traducteur

moi : pourquoi ? (un traducteur, quel luxe !)

la traductrice arrivant : bonjour, je m’appelle Irina et je suis votre traductrice.

moi : merci Irina, mais je comprends le russe (et entre nous, je ne suis pas certaine de mieux comprendre les termes utilisés pendant une échographie en anglais qu’en russe)

échographiste : vous semblez être enceinte…

moi intérieur : sans blague !

échographiste : vous avez un dossier à me montrer (me dit elle, alors que je lui tendais mes deux premières échographies faites à Paris) ?… oh elles sont belles ces photos !… mais vous avez déjà tout fait, je vais appeler le médecin pour savoir si nous devons vraiment refaire une échographie pour contrôler si vous êtes vraiment enceinte.

docteur Miakota (qui parle un français parfait) : je suis désolée, il va falloir refaire une échographie, это процедура…

 

30 minutes plus tard, j’envoie un SMS à Mister Jo : je viens d’avoir la confirmation : je suis bien enceinte !

Alors, vous venez quand ?

Début d’une « addiction »

j’en raffole, je ne peux plus m’en passer, qu’est-ce que c’est bon !

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